Li Wenliang
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Fu Xuejie (d) |
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Hôpital central de Wuhan ( - |
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Parti communiste chinois ( - |
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Li Wenliang (en chinois : 李文亮 ; pinyin : ), né le [1] à Beizhen en Chine et mort le à Wuhan en Chine, à 34 ans, est un ophtalmologue hospitalier et lanceur d'alerte chinois.
Dès le , il alerte ses collègues médecins sur le virus dont sont atteints plusieurs patients de son hôpital de Wuhan, qui lui semble être proche de celui du SRAS (le SARS-CoV). Ce virus a provoqué ultérieurement la pandémie de Covid-19.
Biographie
[modifier | modifier le code]Li Wenliang nait le à Beizhen[2].
Il commence ses études de médecine en 2004, à l'université de Wuhan et obtient son diplôme de médecin en 2011. Il travaille ensuite à Xiamen pendant trois ans avant de retourner à Wuhan pour travailler en tant qu'ophtalmologiste à l'hôpital central de Wuhan[3].
Pandémie de coronavirus
[modifier | modifier le code]Découverte du virus
[modifier | modifier le code]Le , Li Wenliang prend connaissance d'un rapport de la Dresse Ai Fen concernant un patient qui montre un résultat positif avec un intervalle de confiance élevé pour les tests de dépistage du coronavirus du SRAS. À 17 h 43, il partage ses soupçons dans une conversation privée sur la messagerie chinoise WeChat avec ses collègues diplômés de l'école de médecine[4]. Il indique dans ce message qu'« il y a 7 cas confirmés de SRAS au marché de gros de fruits de mer de Huanan ». Il publie également le rapport et le résultat de la tomodensitométrie d'un patient. À 18 h 42, il ajoute, « les dernières nouvelles confirment qu'il s'agit d'infections au coronavirus, mais le virus exact reste à sous-typer ». Il explique également dans le message ce qu'est un coronavirus[3].
Après que des captures d'écran de son message WeChat ont été publiées en ligne, les surintendants médicaux de son hôpital sont rapidement venus lui parler[3]. Le , le commissariat de police de la rue Zhangnan du bureau de la sécurité publique de Wuhan le met en garde pour « avoir fait de faux commentaires sur Internet »[5]. Les policiers au poste lui demandent de signer une lettre d'avertissement « reconnaissant qu'il « perturbe l’ordre social ». » Selon le procès-verbal de cet interrogatoire que Li Wenliang publie ultérieurement, il lui est demandé de « cesser ces actions illégales » sous peine d'« être poursuivi par la loi »[6].
Le , il contracte le coronavirus à l’hôpital en soignant un patient infecté. Il développe une fièvre et une toux le qui s’aggravent rapidement. Le , il est admis aux soins intensifs où il est mis en quarantaine et soigné[7]. En raison d'une pénurie de kits de test pour le nouveau coronavirus, le diagnostic définitif de l'infection n'est posé que le . Beaucoup de ses collègues et membres de sa famille sont également infectés par le virus.
Réactions
[modifier | modifier le code]Li Wenliang a été sous le feu des projecteurs du public chinois et des médias parce qu'il est considéré comme l'un des huit internautes accusés de « transmettre des rumeurs » et arrêtés par la police de Wuhan début janvier[8].
La Cour populaire suprême chinoise a déclaré que, « rétrospectivement », les huit citoyens de Wuhan n'auraient pas dû être punis car leurs propos n'étaient « pas entièrement faux »[9].
La Cour suprême indique également sur son site que « cela aurait été une chance si le public avait cru aux « rumeurs » à ce moment-là, et avait commencé à porter des masques, à prendre des mesures d'hygiène et à éviter le marché des animaux sauvages », le [9].
Li Wenliang a déclaré au journal en ligne chinois Caixin qu'il craignait que l'hôpital ne le punisse pour avoir « répandu des rumeurs », mais qu'il s'est senti soulagé après que la Cour suprême a publiquement critiqué la police. « Je pense qu'il devrait y avoir plus d'une voix dans une société saine, et je n'approuve pas l'utilisation du pouvoir public pour des interférences excessives », a déclaré Li Wenliang[9].
Décès
[modifier | modifier le code]Le , les médias d'État chinois rapportent que Li Wenliang est mort à l'âge de 34 ans. Selon China Newsweek (中國新聞周刊), son cœur s'est arrêté à 21 h 30 et pour le maintenir en vie, l'oxygénation par membrane extra-corporelle (ECMO) a été pratiquée[10]. Plusieurs sources, dont les collègues de Li Wenliang, confirment que l'ECMO a été utilisée pour le maintenir en vie pendant trois heures après l'arrêt de son cœur[11].
L'Organisation mondiale de la santé publie sur Twitter qu'« elle était attristée par la mort du Dr Li Wenliang »[12].
Cependant, l'hôpital central de Wuhan a initialement publié une déclaration contredisant les informations faisant état de sa mort : « Dans le cadre de la lutte contre le coronavirus, l'ophtalmologiste de notre hôpital Li Wenliang a malheureusement été infecté. Il est maintenant dans un état critique et nous faisons de notre mieux pour le sauver »[13]. L'hôpital confirme plus tard que Li Wenliang est mort le à 2 h 58[14],[15].
Sa mort provoque une vague d'indignation, le hashtag #NousVoulonsLaLibertédExpression est publié par millions sur les médias sociaux chinois malgré la censure. Cette colère s'exprime uniquement en ligne par crainte de l'infection[16],[17].
Il a été incinéré discrètement et on ignore où se trouvent ses cendres[18].
Vie privée
[modifier | modifier le code]Li Wenliang et sa femme ont eu un enfant. Au moment de sa mort, son épouse attendait leur deuxième enfant[19]. Toutefois, le gouvernement s’est engagé à assurer leur avenir financier et scolaire, sous condition de ne pas s'exprimer sur les médias[18].
Références
[modifier | modifier le code]- « Briefing on the investigation of the situation involving Dr Li Wenliang as reflected by the public (关于群众反映的涉及李文亮医生有关情况调查的通报) », sur National Supervisory Commission Investigation Team (国家监委调查组), (consulté le )
- (zh) « 武汉市公安局吴昌分局中南路街派出所训诫书 », Zhongnanlu Street Police Station, Wuchang Division of Wuhan Police Bureau, (consulté le )
- (zh) « 新冠肺炎"吹哨人"李文亮:真相最重要 », Caixin, (lire en ligne, consulté le )
- Yohan Blavignat, « Chine : confusion autour de la mort du Dr Li, le médecin qui a défié les autorités sur le coronavirus », Le Figaro, (lire en ligne, consulté le ).
- (zh) 林則宏, « 武漢肺炎「吹哨者」:三周前就知道可「人傳人」了 », 元气网 (consulté le )
- Frédéric Lemaître et Simon Leplâtre, « Emotion en Chine à l’annonce de la mort du docteur Li Wenliang, lanceur d’alerte sur le coronavirus », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
- (zh) « 被训诫医生李文亮去世 », The Beijing News (consulté le )
- Marie Holzman, « Coronavirus : « En Chine, plus personne ne croit en la parole officielle », sur Le Monde,
- (zh-HK) 張子傑, « 【武漢肺炎】敢言醫生李文亮傳死訊 院方稱仍搶救中 », HK01, (consulté le )
- (en) « Virus 'whistleblower' doctor in Wuhan dies from coronavirus » [archive du ], Global Times (consulté le )
- World Health Organization (WHO) (@WHO), « At today's #2019nCoV media briefing @DrMikeRyan is asked about reports that Dr Li Wenliang had passed away, and he expressed condolences. WHO has no information on the status of Dr Li. », sur Twitter,
- (en) Henry Austin, « Chinese doctor who raised alarm over coronavirus dies from disease, hospital confirms », NBC News, (consulté le )
- (en) « Coronavirus: Whistleblower Dr Li Wenliang confirmed dead of the disease at 34, after hours of chaotic messaging from hospital », South China Morning Post, (lire en ligne, consulté le )
- (en) « Chinese doctor who sounded Wuhan virus alarm is critically ill, hospital says, after state media reported he had died », CNN, (consulté le )
- Kai Strittmatter, Dictature 2.0: Quand la Chine surveille son peuple (et demain le monde), Tallandier, (ISBN 979-10-210-4319-0, lire en ligne), p. 118
- Simon Leplâtre, « Le martyre du Dr Li Wenliang enflamme l'internet chinois », Le Temps, (ISSN 1423-3967, lire en ligne, consulté le )
- Dorian Malovic, « Covid-19 : il y a un an, l’alerte du jeune ophtalmologue de Wuhan, Li Wenliang », La Croix,
- « Chinese Doctor, Silenced After Warning of Outbreak, Dies From Coronavirus », The New York Times, (lire en ligne, consulté le )
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]- Lanceurs d'alerte en République populaire de Chine
- Carlo Urbani, médecin, le premier à mettre en garde contre le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) et mort de cette maladie en 2003.
- Autres victimes de disparitions forcées (provisoires ou permanentes) en République Populaire de Chine :
- Lu Guang
- Meng Hongwei
- Peng Shuai
- Ren Zhiqiang
- Yue Xin
- Zhao Wei
- Fang Bin, lanceur d'alerte chinois arrêté le , disparu depuis.
- Chen Qiushi, lanceur d'alerte chinois arrêté le , disparu depuis.
- Li Zehua
- Jack Ma
- Zhang Zhan, lanceuse d'alerte chinoise arrêtée le , actuellement détenue.
- Huang Yanling
Liens externes
[modifier | modifier le code]- Médecin chinois du XXIe siècle
- Ophtalmologue
- Personnalité liée à la pandémie de Covid-19 en Chine
- Naissance en octobre 1986
- Naissance dans la province du Liaoning
- Décès en février 2020
- Décès à Wuhan
- Décès à 33 ans
- Mort de la maladie à coronavirus 2019 en Chine
- Lanceur d'alerte en république populaire de Chine
- Disparition forcée en Chine